Instants d’un futur qui traverse le pont du présent

 

VIII – Assis sur les marches de ma tendresse

Derrière l’infini
Diffus
De la nuit,
Avec la plainte
Douce
Des fragrances
Assoiffées
Des jardins endormis,
J’ai pénétré la ville
Lahore mère
Jusqu’au cri
Contenu
De vierges mosquées
Fières de plaisir
Fécondées
Dans les lointains d’eau
La course des étoiles
Le vert des rosées
Par l’attente
Impatiente
Des minarets.
Assis sur les marches de ma tendresse
Lavé par la mousson
J’ai cru te voir prier
Les mains tendues
Sur un tapis de poèmes
Vêtu d’un jardin
Inconnu
Et… partir
Transparent
Nu
Sur le cheval blanc de Krishna
Parmi les zébus et les buffles
Et la danse des minarets et les coupoles de nacre
Delà les montagnes
Les plus hautes
Delà l’horizon des champs de tabac
Vers les rochers de Chilas
Où se reposaient
Avec les marchands
Les pèlerins de Siddharta.
Là-bas
Près de ses sources
L’Indus avait déjà herbé sur sa rive
Aidé par l’amour d’un espoir
Une maison
Des chèvres égarées
Des chiens qui couraient après la pleine lune
Une lampe dans les arbres
Les appels
Joyeux
D’enfants qui jouaient avec ma voix de jadis
Et… cette senteur
Si familière
Des jeunes maïs.
J’ai su
Plus tard
Par le courant du fleuve
Que ton sourire
Passé par là
Y avait préparé une place
Pour mon désir.

Juin 1995